Hier, assez tôt, j’étais au feu rouge, tranquillement, comme d’habitude, à parfaire mon maquillage. Et tout d’un coup, la femme derrière moi double et j’entends hurler « Connasse, tu ne peux pas te dépêcher ! ». C’est tellement sympa le lundi matin, dans l’aube morne de novembre. Cela signe la qualité d’un début de semaine post-vacances. Mais l’histoire ne s’arrête pas la, car de l’autre coté , il y avait un policier qui arrête la furie….le plus étrange pour moi étant que cette harpie portait un loden vert et des lunettes a foyer. Quel esprit malin, quelle diablerie anachronique était donc entré dans le corps de cette femme, qui je n’en doutais pas, fréquentait la paroisse !
Depuis des années, les psychologues ont montré comment les émotions avaient été sélectionnées par l’évolution, leur universalité et leur fonctionnalité (préparation à l’action). Darwin bien sur, puis Ekman l’ont particulièrement étudié.
A quoi servait donc la colère de - nous l’appellerons-Marie-Bénédicte, lorsqu’elle a hurlé à son volant ? Marie-Béné aurait t’elle voulu me frapper ? Bah Non ! Faut pas charrier ! Elle ne souhaitait que m’intimider ! Regardez les chiens…la colère rend bien service, notamment en évitant un conflit trop couteux en énergie. Le conflit est réglé par la soumission qui succède à la peur chez le plus faible. Ca grogne, ca hurle et ca s’agite…mais rarement plus. Je dirais également que Marie-Bénédicte a du sentir physiologiquement quelques sensations : des modifications cardio-vasculaires et une augmentation du tonus musculaire, muscles tendus, mâchoire serrée.
Mais qu’est ce qui a déclenché sa colère ? Vous pensez que c’est de me voir me maquiller ? Non, c’est plus compliqué…ce qui a déclenché la colère de Marie-Béné, c’est que j’ai heurté son système de valeur, ses interprétations et ses pensées. J’ai transgressé une règle fondamentale pur elle : démarrer immédiatement au feu rouge ! En résumé, la colère est associée à une interprétation qui implique la transgression de l’exigence face à l’environnement.
Reconsidérons les choses. La colère est souvent alimentée par les pensées dysfonctionnelles du type 1. Exigences: « il faut que… », 2. La dramatisation « c’est grave… », 3.Non acceptation « c’est inadmissible » et le jugement sur la valeur personnelle.
En fait, a tous ceux qui sont gênés par leur accès de colère, il existe une petite chose a savoir…l’antidote existe…c’est l’empathie. Si Marie–Béné s’était mise à ma place, si elle avait pensé que mon attention n’était pas malveillante, pas dirigée contre elle, pas très grave…elle aurait exprimé son désaccord sans confondre affirmation de soi et hostilité a mon égard. Et le policier aurait passé son chemin, loin de s’enquérir d’une incivilité caractérisée.
Mais j’ai heurté la harpie! C’est fâcheux ! Et dans la grande famille des émotions négatives, du coup, moi je ressens le pendant de la colère, son exact complément ….la culpabilité…..Pardon Marie-Béné !!!!